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Au Nom de La Mémoire

Au Nom de La Mémoire

Ouvrages et informations de l'association "Au nom de la mémoire", créée en 1990 par Samia MESSAOUDI (journaliste, éditrice aux éditions Syros), Mehdi LALLAOUI (réalisateur, scénariste, écrivain) et Benjamin STORA (historien).Outre des projets de livres, ils produisent des films, expositions, débats, émissions radiophoniques sur l'antiracisme, l'égalité des droits, l'immigration en France et les événements qui lui sont liés.L'association Au Nom de la Mémoire travaille autour de trois thèmes : les mémoires ouvrières (dont celles de l'immigration), les mémoires urbaines, et la mémoire coloniale. L'équipe d'Au Nom de la Mémoire, spécialisée sur ces questions, anime régulièrement des rencontres-débats autour des activités et publications de l'association.L'éducation à l'histoire contemporaine de notre pays est pour Au Nom de la Mémoire l'un des moyens de contribuer à construire la citoyenneté et de se battre contre les discriminations. Aussi, parallèlement à son travail éditorial, l'association collecte des documents et témoignages pour les mettre à disposition des enseignants, des universitaires et des étudiants.


Benjamin Stora, l'historien qui murmurait à l'oreille des présidents

Publié par Au Nom de La Mémoire association sur 21 Octobre 2017, 16:27pm

Catégories : #Algérie, #France, #histoire, #immigration, #livres, #mémoire, #social, #Etat, #président, #gouvernement, #information, #comprendre, #exil, #Paris, #colonisation, #Europe, #algérien, #images, #Interview

extrait de l'article sur SLATE.fr de Ariane Bonzon le

 

Le spécialiste de la guerre d'Algérie a eu largement ses entrées à l'Élysée depuis le début des années 1980. L'occasion pour lui d'affronter avec les différents chefs de l'État l'épineuse question de la repentance.
François Hollande et Benjamin Stora en 2011 I PATRICK KOVARIK / AFP
François Hollande et Benjamin Stora en 2011 I PATRICK KOVARIK / AFP

 

Cet article est le troisième et dernier volet d'une série consacrée à l'historien Benjamin Stora. À lire: Constantine, Sartrouville, Nanterre… Benjamin Stora, une jeunesse française et Benjamin Stora, l'incontournable «monsieur Algérie», historien engagé.

Une fois au moins déjà, le président Macron l’a fait venir pour le consulter. Quand il s’agit d’Algérie, le nom de Benjamin Stora s’impose. Le gamin juif de Constantine, l’ex-militant trotskiste, l’historien engagé et médiatique a l’oreille de la République, ainsi que celle de plusieurs hauts responsables algériens.

«Stora fait beaucoup pour le rapprochement entre l’Algérie et la France, il parle avec les grands de ce monde mais il reste très discret», selon son ami, l’historien et ancien leader nationaliste algérien, Mohammed Harbi.  

La première fois que Benjamin Stora a franchi la porte de l’Élysée, c’était il y a plus de trente ans.

1.La présidence Mitterrand (1981-95)

 

En 1984, il milite encore à l’Organisation communiste internationaliste (OCI). François Mitterrand est Président de la république depuis trois ans, «il voulait nous convaincre, Cambadelis et moi, d’entrer au PS et d’y construire une tendance jeune. Mais à l’époque, on n’a pas du tout évoqué l’Algérie». 

Avec Cambadelis (à dr.) I DR

Par la suite, l’historien trentenaire rencontre «plusieurs fois» celui qu’on a souvent surnommé le «Sphynx»: «Durant deux tête-à-tête et un repas et nous avons longuement parlé du rôle que Mitterrand avait joué en Algérie.»

Entre le 1er novembre 1954, jour du déclenchement de l’insurrection algérienne et le 21 mai 1957, jour de la chute du gouvernement socialiste de Guy Mollet, François Mitterrand occupe les portefeuilles de l’Intérieur et de la Justice. Homme d’ordre, il veut garder l’Algérie française et participe de la politique répressive qui se met en place.

«Mitterrand cherchait à se justifier. Lorsque la guerre a éclaté, disait-il, le gouvernement français n’avait pas d’interlocuteur politique car les Algériens se divisaient entre eux et refusaient le cessez-le-feu pour négocier. Il disait aussi qu’il avait voulu procéder à des réformes politiques, muter des responsables pieds noirs de la police…»

En vérité, le «Sphynx» a une idée derrière la tête. «Il savait que je savais plein de choses, et, avec le recul, je pense qu’il voulait me faire écrire sur lui et l’Algérie, comme il l’avait fait avec Pierre Pean pour Vichy.»

Benjamin Stora mesurera bien plus tard la lourde responsabilité de François Mitterrand dans la condamnation à mort et l’exécution, en 1956-57, de plusieurs militants algériens dont il refuse la grâce.

 

Stora et Mitterrand en 1992 I DR

Ce que l'historien documente en 2010 dans François Mitterrand et la guerre d’Algérie, écrit avec le journaliste François Bayle. Les deux auteurs reprochent à l’ancien Président de la république «d'avoir accompagné, sans jamais le transgresser, un mouvement général d'acceptation du système colonial et de ses méthodes répressives», ce qui s’expliquerait aussi par le fait que l'ambitieux François Mitterrand, alors âgé de 40 ans, devait donner des gages aux durs du gouvernement s'il voulait durer.

Pour ce qui est de la repentance, c’est pour le Président Mitterrand plus une affaire personnelle qu’une affaire d’État. N’a-t-il pas avoué à propos de cette période, plusieurs décennies plus tard, à Robert Badinter: «J’ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là»?  

2.La présidence Chirac (1995-2007)

Comme lui, son successeur à l’Élysée possède une histoire personnelle mais très différente avec l’Algérie. Appelé en 1956, alors qu’il est jeune énarque, le sous-lieutenant Chirac est envoyé à la frontière marocaine. Démobilisé, devenu très «Algérie française», il aurait même souhaité rempiler.  

«Chirac a eu plusieurs mérites: celui de lever en 1995 le couvercle sur la rafle du Vel d’hiv [il admet la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs suite à cette rafle du 16 juillet 1942] et sur l’esclavage [instauration de la journée de la commémoration de l’esclavage le 10 mai]. Et il a poussé à la réconciliation algérienne en instituant une année de l’Algérie en France en 2003», juge Benjamin Stora.

Perçu comme un ami des Arabes et un soutien de la cause palestinienne, Jacques Chirac conduit en Algérie en 2003 une visite d’État apparemment très réussie aux côtés de son homologue algérien. Acclamé, il prononce un discours qualifié d’ «historique» au Parlement d’Alger. «Certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations» dit-il. La perspective d’un traité d’amitié franco-algérien se dessine.

Chirac et Bouteflika en 2004 I HOCINE ZAOURAR / AFP

Mais l’élan est coupé net en 2005 en raison de l'adoption par la France d'une loi “portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés”. L’un des articles de ce texte mentionne le "rôle positif" de la colonisation qu’on enseignera à l’école. Une pétition circule réclamant l’abrogation d’urgence de cette loi. Benjamin Stora est l’un signataires du texte, initié par les historiens de l’Algérie, Claude Liauzu et Gilbert Meynier.

Dans ses mémoires, citées par l’historien Guy Pervillé, Jacques Chirac raconte que le gouvernement algérien souhaitait que la France inscrive noir sur blanc dans le préambule du traité d’amitié franco-algérien en préparation ses regrets pour «les torts portés à l’Algérie durant la période coloniale». «Ce qu’exigent de nous les autorités d’Alger n’est rien d’autre que la reconnaissance officielle d’une culpabilité. Je ne l’ai naturellement pas accepté», conclut le président français. 

À défaut d’un lien direct avec le Président Chirac, Benjamin Stora rencontre et échange avec Hubert Colin de Verdière, l’ambassadeur de France en poste à Alger. En 2005, ce dernier prononce à Sétif un discours pour condamner la répression policière des violentes émeutes qui avaient éclaté dans la ville et conduit à la mort de plusieurs milliers personnes le 8 mai 1945.

Benjamin Stora s’est également entretenu avec Bernard Barjolet, l’ambassadeur qui succède à Hubert Colin de Verdière. Arabophone, par la suite nommé directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), «Barjolet me dit qu’il souhaite s’inscrire dans la continuité du discours de Sétif et c’est ce qu’il fera en 2008 lors d’une visite à Guelma».  

3.La présidence Sarkozy (2007-12)

Passage à vide avec l'élection du successeur de Jacques Chirac. A la satisfaction de l’extrême droite qui avait dénoncé le «parachutage» d’un historien qu’elle accuse de «donne[r] le “la” et fai[re] la loi en matière d’historiographie», Benjamin Stora se voit ôter son émission consacrée au Maghreb, sur France culture. Il perd également son cours à Sciences po. 

En 2007, Nicolas Sarkozy est le premier chef d’État français à prononcer le mot de repentance pour le récuser publiquement aussitôt. Mais à Constantine, en décembre de la même année, il prononce un discours dans lequel il reconnaît l’injustice du système colonial...(...)

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